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Fabien Dettori : Peintures Photographiques

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Un jour, les peintres se sont fait photographes. Avec Fabien Dettori, peinture et photographie se caressent, s’interpénètrent et se fécondent, se délivrant l’une en l’autre de tableaux où le vif joue avec la durée. Où la durée capture l’instantané des poses. Les corps, les visages éclairent l’ombre sont ils se détachent, sans la quitter vraiment. Imprégnée d’obscurité, frontière fragile entre dedans et dehors, la peau nue semble hésiter entre l’âme et le corps. Ni soleil ni lune. Le ciel absent. Comme si la lumière ne venait pas de l’extérieur, mais de l’intériorité des sujets. Sur les toiles photographiques de Dettori, la nudité est une lueur. Les coloris, le tracé détaillé font penser à la peinture vénitienne du quattrocento. Les traits d’ombre qui façonnent l’architecture des corps : articulations, ossature, veines posent une inquiétude sur les pleins ou les plis d’un fessier, d’une hanche, d’une épaule, une main, plus lumineux et sensuels. Inéluctablement, le charnel absorbe la lumière et la chaleur, presque au point de les faire disparaître, révélant la mort à laquelle il est voué. La chair est comme endeuillée, vêtue de crêpe, couverte de cendres. L’humanité, travaillée par une alliance subtile de l’ombre et de la couleur, du trait et de la chair, de l’idée et de la matière, se révèle dans l’œil angoissé de l’artiste, comme interrogation métaphysique. La quête de saisie du vif, du vivant, le paradoxe du photographe d’assigner à demeure le mouvement s’exprime chez Dettori dans la violence latente d’une écriture à fleur de peau. La réflexion de l’auteur comme celle de la lumière tremble du destin mortel de l’homme. Et s’en fait le dessin comme le dessein. Les chairs semblent pensives. On frôlerait parfois la nature morte. Si ce n’était une feuille de sueur à peine dorée : la vie ? L’âme ? Une espérance ? D’autant que les sujets ravis par l’objectif sont essentiellement féminins. Ventres de naissance. Antres mortelles et de désir. Intimités d’ocres, d’ambre et d’ombres ; encres utérines dont le pinceau photographique de Fabien Dettori semble avoir fait sa matière vivante.
Anna Maria Caroline Celli

 

Mémoires, Exposition Collective : Thierry Urbain, Fabien Dettori et Thibaud Yevnine
15 novembre – 22 décembre 2018
Galerie Thierry Bigaignon
9, rue Charlot
75003 Paris

https://www.thierrybigaignon.fr/

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