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Esther Teichmann – On Sleeping and Drowning

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La Galerie Les filles du calvaire est heureuse d’annoncer l’exposition « On Sleeping and Drowning » d’Esther Teichmann qui pour la deuxième fois à Paris présentera un ensemble scénographié fidèle à son écriture plastique. De photographies peintes en vidéos et installations, l’artiste nous livre ainsi un récit spirituel, naturaliste et fragmentaire d’une sérieuse sensualité.

Les photographies envoûtantes d’Esther Teichmann témoignent de l’influence du romantisme allemand et du cinéma, sur une œuvre qui fait fi des conventions, autant qu’elle les respecte : « Plutôt que de travailler directement à partir d’une histoire de l’art spécifique, je collectionne des documents provenant de sources diverses : peintures, coupures de journaux et images de films, que j’épingle en studio. Ces corps, leurs gestes et leur potentiel narratif, deviennent des références libres que je reconstruis. »[1]. La peinture et la photographie ne font plus qu’une. Quand l’encre et la peinture ne ruissellent pas directement sur le tirage, elles lui servent de fond. Les teintes sont subtiles, minérales et ouvrent sur un monde fantastique qui tient du rêve, aussi délirant qu’impénétrable.

On Sleeping and Drowning transforme l’espace de la galerie en un montage surréaliste, un assemblage de plusieurs couches. Par l’utilisation de grands fonds photographiques repeints, les murs deviennent des grottes qui portent des photographies de femmes endormies, des ciels et de curieux cyanotypes d’algues. Lorsque l’artiste choisit la grotte, c’est à l’idée de la grotte qu’elle se réfère, à l’intériorité pure que celle-ci suggère. Ce berceau minéral, froid et vierge, redevient sous la peinture de Teichmann un lieu de retrait et de méditation. La femme est nymphe ou mère, endormie et rêveuse. La nature omniprésente. Esther Teichmann a grandi dans le sud de l’Allemagne, entourée de lacs, de rivières et de forêts. Elle puise ainsi son idéal formel dans la force et la beauté transcendantale de la nature. Ses souvenirs d’enfance en Forêt Noire enrichissent son répertoire ; les baignades sauvages, les canoés et les nuits d’orage sous les tentes sont autant de scènes que ses modèles rejouent. Evidemment les paysages qu’ils occupent sont d’abord intérieurs, étranges et complexes comme l’esprit. Teichmann applique à son œuvre cette nécessité, encouragé par C. D. Friedrich, « de ne pas seulement peindre ce que l’artiste voit devant lui, mais ce qu’il voit en lui ». Elle relie ainsi par une subtile dialectique (et par le jeu des médiums), le dedans et le dehors. L’artiste élabore des énigmes spatiales qui prennent le spectateur au piège d’un monde alternatif, entre déploiement de beauté et perte de repères visuels.

Il faut voir dans ce corpus d’images de l’artiste un ensemble évolutif et surtout fécond dont les racines existent ailleurs. C’est une histoire fragmentaire qui se nourrit au fil des expositions. Esther Teichmann est également commissaire d’exposition et cette réalité influence profondément son œuvre, et le rythme même de sa création. Le commissariat par sa dynamique créative et scénographiée est un trait d’union entre l’œuvre, le lieu et le public. Dès lors se construit un récit partiel qui relève plus de l’évocation onirique que de la stricte narration.

« La littérature, le cinéma et mes propres écrits sont essentiels dans mon processus de création et ma réflexion sur les images. J’écris des images avant de les transformer en objets visuels. Au cours de l’écriture mes souvenirs et mon autobiographie deviennent fictionnels. Les personnages inspirés de personnes existantes s’estompent et se confondent, ils prennent la forme de quelqu’un d’autre. »

L’installation cinématographique Fulmine synthétise en mouvement tout l’art d’Esther Teichmann : l’érotisme, la nature, et la force vitale. Dans ce triptyque vidéo, les personnages tentent un rapprochement langoureux dont l’issue reste incertaine. Teichmann a filmé le canoéiste Carlos Tapuy en Amazonie, l’accompagnant quotidiennement dans ses voyages silencieux et méditatifs. La danseuse Sophia Wang évolue quant à elle dans un lit-bateau, dans un mouvement auto-érotique continu. Entre eux, un petit arbre isolé dans une forêt ombrophile se balance différemment de la végétation qui l’entoure. Le tout, sur une musique originale pour quatuor à cordes composée par Deirdre Gribbin.

L’exposition On Sleeping and Drowning est la fabrication d’un rêve entre sommeil et noyade. Il n’est pas question de mort mais bien d’un abandon total, pareil à l’orgasme.

[1] Rather than working directly from specific art-history I collect material from various sources, from the Renaissance and Orientalist paintings, material too from newspaper clippings and film stills and pin them up in the studio. These bodies, their gestures and narrative potential, become loose references, which I then build upon.

 

 

Esther Teichmann – On Sleeping and Drowning
du 12 avril au 11 mai 2019
Galerie Les Filles du calvaire
17, rue des Filles-du-Calvaire
75003 Paris

www.fillesducalvaire.com

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