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40 ans de photojournalisme, génération agences, by Michel Setboun and Marie Cousin #10

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Cette image est extraite du troisième livre de Michel Setboun et Marie Cousin sur les agences. Le livre est intitulé 40 ans de photojournalisme, génération agences. 80 photoreporters ont choisi et commentent une image emblématique de leur parcours. L’image que nous publions aujourd’hui est une photographie réalisée par Vincent Leloup.

Juste après l’implosion du communisme, la pollution dans les pays de l’Est devient un sujet de préoccupation mondiale. J’en parle au Figaro Magazine qui me propose de partir en Roumanie, à Copșa Mică, l’une des villes les plus polluées de la planète. J’arrive sur les lieux après avoir traversé les Carpates en Dacia. Les rues sont noires, les moutons sont noirs, les enfants, noirs eux aussi, sortent de l’école. C’est l’heure du goûter. La ville est recouverte d’une substance toxique rejetée par des usines de zinc, et de noir de fumée. Les industriels répètent qu’elle ne présente aucun danger… Et tout le monde fait comme si de rien était, étend son linge ou cultive son potager. Ce cliché marque aussi la fin de Collectif Presse, agence fondée en 1981 par de jeunes photographes. L’époque est exaltante. Des journaux, comme Libé ou le Fig Mag accordent une place prépondérante à l’image, Paris est la capitale du photojournalisme, et les Américains déboursent des sommes astronomiques pour acheter notre travail. 1985-1986 : c’est l’âge d’or de l’agence. Nous couvrons la guerre au Liban et les sommets mondiaux, de nouveaux photographes arrivent, et Collectif Presse garantit même un salaire minimum. Le vent tourne l’année suivante. Le dollar chute. Les Américains sont moins dépensiers. Et il faut bien l’avouer, la gestion n’est pas notre fort. L’agence ferme en 1990. Aujourd’hui, je travaille à mon compte tout en m’occupant du site divergence-images.com, un outil de diffusion pour les photographes indépendants. L’époque actuelle et la révolution numérique ne me rendent pas pessimiste. Le numérique, Internet et les réseaux sociaux offrent de multiples possibilités de montrer nos photos aux clients potentiels. Des amateurs friands de photoreportage peuvent acheter des tirages ou monter leurs propres expositions. Le vrai problème concerne les reportages à l’étranger : les ventes ne permettent plus de couvrir les frais de déplacement. Les agences et la presse font désormais appel à des photographes locaux, qui sont aussi doués que nous, pour leurs reportages internationaux. Nous sommes condamnés à moins voyager.

Propos recueillis par Igor Hansen-Love.

LIVRE
40 ans de photojournalisme : génération agences
de Michel Setboun et Marie Cousin
Éditions de La Martinière
240 pages
ISBN : 978-2-7324-6402-2
39 €
www.editionsdelamartiniere.fr

www.divergence-images.com/vincent-leloup

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