Rechercher un article

Eugene Richards, maître de la photographie politique

Preview

Le Musée George Eastman de Rochester, dans l’Etat de New York, est le premier à consacrer une rétrospective au photographe américain Eugene Richards.

Le photographe Eugene Richards est respecté et reconnu dans le monde entier pour son œuvre intègre et puissante, riche de son dévouement aux questions sociales et économiques. Durant ces dernières décennies, il a exploré des sujets complexes, comme le racisme, la pauvreté, l’urgence médicale, l’addiction aux drogues, le cancer, la famille américaine, le vieillissement, les effets de la guerre et du terrorisme, ou la dépopulation des campagnes américaines. The Run-On of Time (« L’ininterruption du temps »), exposition co-organisée par le musée George Eastman et le Musée Nelson-Atkins, parcourt la carrière de photojournaliste et photographe documentaire de Richards, depuis 1968 jusqu’à aujourd’hui. Visible au Musée Eastman du 10 juin au 22 octobre, elle est la première rétrospective consacrée à son œuvre.

Jusqu’à maintenant, l’œuvre de Richards a d’abord été célèbre dans les actualités internationales et les organes de presse pour lesquels il a pris des photos sur commande, ou dans les livres, dans lesquels il plonge au plus profond de ses sujets, par ses photos et des textes à la première personne. A travers 146 photos et une sélection d’œuvres filmées, cette exposition permet une compréhension plus complète de la carrière de Richards, montrant en quoi sa vision artistique personnelle s’avère l’héritière de W. Eugene Smith et Robert Frank dans sa façon d’aborder les questions sociales importantes de notre époque.

Né à Dorchester, dans le Massachusetts, Richards s’est mis sérieusement à la photographie lorsqu’il suivait les cours de Minor White au Massachussetts Institute of Technology, après avoir obtenu son diplôme universitaire. Pendant la guerre du Vietnam, il a refusé la conscription et rejoint le Service Volontaire (VISTA), travaillant comme défenseur des soins de santé dans l’Arkansas de l’Est. Plus tard, il a cofondé une organisation publiant un journal, Many Voices, destiné à informer les communautés noires sur leurs droits en tant que votants et citoyens. Profondément affecté, sur le plan physique et émotionnel, par la pauvreté et la violence raciale dont il a été le témoin, Richards a trouvé un but pour sa photographie. Les photos qu’il a prises en Arkansas pendant cette période ont donné lieu à sa première monographie, Few Comforts or Surprises : The Arkansas Delta (« Peu de confort, ou Surprises : le Delta de l’Arkansas ») (1973). Commençant par des publications modestes mais puissantes, Richards a utilisé le format livresque comme véhicule premier de son œuvre documentaire personnelle, publiant plus de soixante-dix monographies au fil de sa carrière.

Cette exposition présente des photographies extraites des séries majeures de Richards, dont Dorchester Days (1978), étude de la vie d’un quartier au sud de Boston ; Exploding Into Life (« Explosion de vie ») (1986), chronique de la lutte de sa première femme contre le cancer du sein ; Below The Line: Living Poor in America (« Sous la ligne : Vivre pauvre en Amérique ») (1987), étude documentaire de la pauvreté urbaine et rurale ; The Knife & Gun Club: Scenes from an Emergency Room (« Club du couteau et du fusil : Scènes d’une salle des urgences ») (1989) ; Cocaine True, Cocaine Blue (1994), exploration en profondeur des conséquences sociales de la consommation de drogue ; American We (« Nous américain ») (1994), poignant portrait collectif de la vie de famille américaine ; Stepping Through the Ashes (« Marcher dans les cendres »)(2002), images de New York les jours qui ont suivi le 11 septembre 2001 ; et The Fat Baby (« Le Gros bébé ») (2005), anthologie de quinze essais photographiques. Ses projets récents seront aussi représentés, avec des photos de The Blue Room (« La Chambre bleue ») (2008), méditation poétique sur les fermes familiales abandonnées des Hautes Plaines ; A Procession of Them (« Un cortège avec eux ») (2008), sur ses visites dans les établissements psychiatriques autour du monde ; War Is Personal (« La Guerre est personnelle ») (2010), portraits empathiques mais impitoyables de personnes ayant fait l’expérience directe de la guerre en Irak ; et Red Ball of a Sun Slipping Down (« Balle rouge du soleil glissant ») (2014), reconsidération de sa première série aboutie sur le Delta de l’Arkansas.

Les photos d’Eugene Richards traitent des aspects les plus profonds de l’expérience humaine : naissance, mort, et effets écrasants de la pauvreté systémique. Son style est déterminé mais poétique, et ses photos profondément ancrées dans le tissu de l’expérience vécue. A travers ses photos, ses écrits et ses œuvres filmées, Richards confronte des sujets provocateurs à une honnêteté dépassionnée, qui peut être également controversée, lyrique, belle et mélancolique. Au final, les photos de Richards mettent en lumière des aspects de la société américaine qui seraient sinon restés cachés à la vue de tous.

Lisa Hostetler et April Watson

Lisa Hostetler est conservatrice du Musée George Eastman de Rochester, aux Etats-Unis, et April Watsont est conservatrice du musée Nelson-Atkins de Kansas City, aux Etats-Unis.

 

Eugene Richards : The Run-On of Time
Du 10 juin au 22 octobre 2017
Musée George Eastman
900 East Avenue
Rochester, NY, 14607
USA

https://eastman.org/

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android