Rechercher un article

Frank Horvat

Preview

A la fin des années 80, vous n’avez pas hésité à vous intéresser aux technologies numériques. Qu’est ce qui vous a guidé vers cette exploration ?

Frank Horvat : Cela tombait bien, c’était le moment où ma photo de mode était terminée. Un type de Stern, de Hamburg, m’avait dit : on peut arranger la peau ou les rides, ou enlever des éléments. C’était pendant ma série sur les arbres, et il y avait des fils électriques que je voulais enlever. J’ai dû apprendre à me servir d’une souris.

Avec Le Bestiaire, en 1996, vous vous êtes amusé à retranscrire vos rêves en pixels, avec une tendance pour les animaux mythologiques. Mais pourquoi ce thème si différent du reste de vos travaux ?

F.H : Là dessus, j’ai cherché un nouveau truc et j’ai eu l’idée du Bestiaire. Oui le thème était assez particulier. J’avais essayé avec un autre sujet, des vues de Paris avec des animaux. Tous les gens qui me connaissaient étaient indignés. Et après j’ai fait Le chat botté. Livre pour enfant. C’était amusant. On a loué des bottes chez un costumier, ma femme les a chaussées, s’est posé sur la table, je les ai photographié et détourées. Ca c’était pas facile.

Aujourd’hui, la manipulation numérique est démocratisée. Avec le recul, que pensez-vous de son utilisation, de ses possibles dérives quand il s’agit de réel, mais aussi de ses possibilités pour l’imagination ?

F.H : Il y a cette idée que la photographie est un témoignage et donc qu’on a pas le droit de mentir. Je pense que c’est de la foutaise, la photo n’est pas un témoignage. Elle témoigne si le photographe est sincère. Ce n’est parce que quelqu’un écrit la vérité que l’écriture est un témoignage. Parfois, il faut se méfier de l’image. Mais on est tous un peu nigauds. La seule chose qui éveille l’imagination est ce qu’on ne montre pas, ce qui est en dehors du cadre. Ce n’est pas parce qu’on met un éléphant rose en haut de la tour Eiffel qu’on éveille l’imagination. Avec Salgado, on montre peut-être trop de choses. C’est critiquable. L’acte photographique est extraordinaire par contre, allez à l’autre bout du monde…

Il y a ce photographe de conflit, chez Magnum, Michael Brown, qui travaille presque exclusivement à l’iPhone. Prenez vous des photographies avec votre téléphone ?

F.H : C’est merveilleux. Non, je ne prends pas de photo à l’iPhone, plus par flemme. Je devrais, avec l’Ipad aussi. Avec l’Ipad, au moins je verrais ce que je fais, je suis un peu bigleux vous savez. Le moins on a de possibilité, le plus c’est intéressant. Je n’ai jamais aimé la photo couleur, j’ai fais de la photo couleur parce que je devais abandonner le noir et blanc. J’essaye d’enlever de la couleur d’ailleurs dans mes photos.

Peu après le lancement de l’iPad, vous avez reprit votre âme de précurseur et créé le premier livre photographique tout en numérique. Mais avez-vous gagné de l’argent avec ce projet ?

F.H : Je me suis mis à l’Ipad dès sa sortie. J’ai fait une erreur de marketing, je l’ai mis à 40 euros, on pouvait voir toutes les images mais pour les voir en grand il fallait payer. Après j’ai mis mon prix à 8 euros, mais les gens n’aiment pas payer pour quelque chose d’immatériel. Et en plus c’était trop compliqué. Mais j’ai fait ce que je voulais faire au moins.

Aujourd’hui, que nous préparez vous de révolutionnaire ?

F.H : Je voudrais bien avoir quelque chose de révolutionnaire sous la main. Là, j’ai mes photos de sculpture. Et puis, ce que je voudrais surtout faire c’est des portraits en vidéo de gens fixes, où il se passerait quelque chose sur le visage, des vidéos d’une minute pour l’Ipad. Un peu comme dans le « performance art ».

Propos recueillis par Jonas Cuénin

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android