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Foto/Industria 2017 : identité et illusion

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Foto/Industria, biennale de la photographie industrielle qui se déroule à Bologne, est unique par son thème et par la synergie qu’elle crée entre la puissance de ses expositions et le charme des lieux historiques où elles ont lieu. La ville accueille quatorze expositions en son centre, ainsi qu’à la galerie photo MAST.

Selon François Hébel, directeur artistique de Foto/Industria (et du Mois de la Photo du Grand Paris, 2017), « cette troisième édition a deux ambitions, deux thèses sur la photographie qu’elle cherche à illustrer. D’une part, le regard unique de certains photographes parmi les plus connus peut être attisé par des projets commandés par des entreprises (identité) et d’autre part, la photographie, en dépit de son objectivité consubstantielle, peut faire venir l’illusion dans le monde du travail et de la production. Depuis longtemps, le monde de l’industrie ouvre ses portes aux photographes et leur donne carte blanche pour travailler à leur guise – c’est leur réputation qui leur accorde ce privilège. »

En parvenant à montrer des zones de production et de travail (auxquelles l’accès est d’ordinaire limité), « ils réussissent à transcender le sujet, en ajoutant aux instants qu’ils captent leur patte individuelle, unique, en créant une œuvre d’art », ajoute Hébel.

L’observateur le ressent aisément, lorsqu’il regarde par exemple les œuvres du constructiviste russe Alexander Rodchenko, les photos du photographe américain Lee Friedlander, ou les paysages industriels du photographe tchèque Josef Koudelka, membre de Magnum Photos, pris il y a plus de trente ans dans le cadre de commandes d’entreprises. Koudelka a d’ailleurs imprimé ses Paysages industriels sur trois mètres spécialement pour Foto/Industria 2017.

« L’illusion est une composante fondamentale de l’acte photographique. Le monde du travail et de l’industrie est un champ d’action fascinant pour les photographes », déclare Hébel. La biennale mêle différents genres, périodes et esthétiques, pour offrir un remarquable panorama de cet aspect multifacettes de la photographie.

Avec Foto/Industria, la mission de la fondation MAST, définie comme un bénéfice « éthique et esthétique », est d’offrir au public un témoignage hautement esthétique et créatif, et d’attirer son attention sur les valeurs éthiques du « faire ». Les photographes parviennent en effet à rendre « plus clair » le monde du travail, en jouant avec les traditions, les nouvelles technologies et les défis historiques et contemporains auxquels il doit faire face. Les photos ne montrent pas seulement les dispositifs mécaniques, mais aussi les hommes et les femmes au travail (malheureusement, même les enfants, comme dans les photos de Mimmo Jodice, témoignage de son internement civil pendant les années 1970.)

L’attention est portée sur le « travail », comme dans le Stakeout Diary (« Journal de surveillance ») de Yukichi Watabe, premier photographe japonais à avoir obtenu l’autorisation, dans les années 1950, d’accompagner la police au cours d’enquêtes criminelles, dévoilant ainsi un univers à l’esthétique proche de celle du film noir.

Les expositions de Thomas Ruff et Carlo Valsecchi sont organisées par Urs Stahel, commissaire de la galerie photo MAST. Machine & Energy, de Ruff, présente chez MAST les photos d’un artiste qui se consacre à l’exploration, et dont l’appareil transforme les éléments de la réalité en un nouveau matériau visuel, qui parle dans un langage multiformes de machines et d’énergie, tandis que dans Developping the Future, Carlo Valsecchi décrit un lieu industriel innovant dans des photos qui rappellent les dessins techniques.

Les autres expositions de Foto/Industria sont : Spoutnik : the Odissey of Soyuz 2, organisée par Joan Fontcuberta, Paysages of American Power (Walter Collection et Mitch Epstein), The End of Manufacturing par John Myers, Workforce par Michele Borzoni, Machina & Mechanism par Märten Lange, Past Forward par Vincent Fournier, et Transform par Mathieu Bernard-Reymond.

La biennale, promue par la Fondation MAST en collaboration avec la Commune de Bologne, a eu lieu pour la première fois il y a quatre ans. En tant que maire de Bologne, Virginio Merola rappelle : « Isabella Sragnoli, l’entrepreneur qui a lancé à la fois Mast et Foto/Industria, envisageait ces projets comme des moyens d’étendre la vision entrepreneuriale et culturelle de la Fondation, et de la partager avec le centre historique de Bologne et la communauté. »

Le badge Foto/Industria permet l’accès libre aux expositions et (sur réservation) à tous les évènements, conférences, visites guidées, projections vidéos et ateliers pour enfants organisés pendant la biennale.

MAST [acronyme de Manufacture des Arts, des Expérimentations et de la Technologie] est une organisation à but non lucratif, associée au groupe industriel Coesia. MAST a par ailleurs dévoilé la nouvelle œuvre d’Anish Kapoor, « Reach », qui présente une forme séduisante et d’innombrables images reflétées, à cheval entre le monde tangible et le monde virtuel.

 

Paola Sammartano

Paola Sammartano est une journaliste spécialisée dans les arts et la photographie, basée à Milan en Italie.

 

 

Foto/Industria 2017
Du 12 octobre au 19 novembre 2017
(l’exposition à la galerie photo MAST a lieu jusqu’au 14 janvier 2018)
Centre ville de Bologne + galerie photo MAST, 42 via Speranza, Bologne
40124 Bologne
Italie

http://www.fotoindustria.it/en/

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