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Le train magique de René Groebli

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René Groebli, qui voulait devenir cinéaste, a interrompu à mi-chemin l’apprentissage de photographe qu’il avait entrepris. Déçu par le monde du cinéma, il a décidé, en 1949, de revenir à la photographie qui lui permettait de contrôler l’image à toutes les étapes de sa création.

C’est à l’occasion de son premier voyage en train de Zurich à Paris qu’il a pu s’immerger dans l’atmosphère romantique des trains à vapeur français. La puissance de la machine était perceptible au travers des formes noires, des blancs et des gris de la vapeur. Pour Groebli, c’était un univers peu familier. C’est dans les gares parisiennes et lors de courts trajets autour de la métropole que s’est affirmé son style dans le traitement du mouvement. Il a eu l’occasion de rouler de Paris à Bâle dans la cabine d’une locomotive où il a photographié debout sur le marchepied de la locomotive ou sur le tender.

À Paris, il a noué une amitié avec Brassaï et Robert Frank alors inconnu. Dans des discussions sans fin, ils ont échangé leurs points de vue, discuté des images et philosophé sur leurs langages photographiques.

A la fin de 1949, l’artiste finance lui-même la publication, chez Kubus Verlag (Zurich) de 14 images sous le titre Magie der Schiene (une édition de 700 copies numérotées dont la bibliothèque de la MEP possède l’exemplaire 24). En avance sur leur temps, les photographies ferroviaires de Groebli ont été rejetées et traitées de modernes « foutaises ». Il a connu ce genre de déceptions à plusieurs reprises et des obligations financières lui ont imposé de laisser de côté ses ambitions artistiques pendant un certain temps.

C’est au travers de reportages pour des magazines internationaux et de la publicité que René Groebli est parvenu à se faire reconnaître. En 1981, il a finalement obtenu la possibilité matérielle de revenir à ses projets artistiques personnels. Il a pu ainsi reprendre, avec une motivation renouvelée, ses images de 1949 et utiliser de nouveaux procédés pour améliorer la qualité des négatifs et proposer une sélection de 74 images, aujourd’hui admirées comme des œuvres classiques, souvenir des temps où l’odeur de la suie et de la fumée intensifiait la magie du noir et blanc, entre Paris et Zurich.

 

Irène Attinger

Irène Attinger est responsable de la bibliothèque et de la librairie de la Maison européenne de la Photographie, à Paris.

 

 

René Groebli, Magic Rail
Publié par Sturm & Drang
SFR. 48.00

www.sturmanddrang.net

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