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Rubi Lebovitch, Home Sweet Home

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Un énorme trousseau de clés pend depuis la boucle de ceinture d’un pantalon d’homme, et son poids risque de faire baisser le pantalon. “Cette photographie symbolise toutes les clés qui sont dans nos vies”, déclare le photographe israélien Rubi Lebovitch.

Les clés de la maison, du bureau, d’un cadenas de vélo, de la maison de nos parents, les clés que nous conservons, mais dont nous avons oublié la fonction. Les clés dont nous hésitons à nous débarrasser parce que nous ignorons ce qu’elles pourraient bien ouvrir. C’est un scénario avec lequel la plupart d’entre nous peuvent s’identifier. Nous avons tous des clés dans des pots ou des tiroirs, ou pendues à des crochets derrière des portes. Mais il est bien rare que nous les voyions toutes ensemble, suspendues à un trousseau de clés géant.

C’est sur cette universalité de l’expérience que Lebovitch s’appuie pour sa série Home Sweet Home, l’objet d’une exposition itinérante et d’un livre, qui prend pour point de départ la banalité de la vie et lui ajoute ironie, humour et une pointe d’absurdité.

Il explique que l’inspiration pour cette série a été tout aussi banale. « Un jour j’ai essayé d’accrocher une photo au mur, un des clous s’est tordu, et quand je l’ai ressorti, il a laissé un gros trou. Pour couvrir ce trou, j’ai dû choisir pour la photo un endroit différent de celui que j’avais choisi au départ. Cela m’a fait réfléchir à toutes ces choses un peu bizarres que nous faisons chez nous, et c’est ainsi que mon projet a commencé« .

Dans Home Sweet Home, Lebovitch dépasse l’idée de documentation de la réalité, préférant la déformer et l’exagérer grâce à l’aspect théâtral de ses photos soigneusement orchestrées. L’humour sous-tend de nombreux scénarios, dont certains sont presque surrealists: par exemple, la photographie d’un homme assis au bord d’un lit, emballé dans du papier toilette comme une momie; ou d’une femme qui mange une énorme pile de spaghettis qui débordent du banc de la cuisine.

« Je fais beaucoup de bazar à la maison et c’est à moi de le nettoyer« , dit en riant Lebovitch qui a commencé le projet il y a neuf ans après la naissance de ses jumeaux. Comme il n’était plus libre de pratiquer la photographie de rue qu’il aimait, il a tourné son appareil photo vers son domicile pour photographier ce qui se passait dans sa propre maison.

Pour souligner le fouillis, Lebovitch se réfère à une double page du livre. D’un côté il y a une plaque intacte de beurre sur une assiette. Sur la page d’en face, la plaque de beurre est maintenant une flaque qui coule sur la table. Il y a aussi la plante d’intérieur qui traîne sur le sol, dépotée, la terre répandue sur une surface par ailleurs ordonnée. Des trous sont découpés dans les tapis, des clous sont martelés dans les murs, un téléviseur est enveloppé dans son emballage adhésif. Au pied d’une toilette, un jardin grandit, le brun de la terre contrastant avec la porcelaine blanche et le sol carrelé.

Lebovitch est aussi inspiré par le théâtre de l’absurde, ce qui est évident dans des images comme celle d’une femme debout, les mains dans un grille-pain. « Ma femme a toujours froid, alors elle se réchauffe les mains », dit-il en riant,et il ajoute que ce n’est pas à essayer chez soi!

Et puis, il y a des images avec un peu plus sombres, comme la photographie d’un doigt coupé qui repose dans une flaque de sang sur une planche à découper, une alliance encore dessus, le couteau bien visible. L’image représente-t-elle un accident? Ou un divorce sanglant? Comme c’est le cas pour beaucoup d’images de Lebovitch, il faut mettre en jeu notre imagination et nos expériences quand nous les regardons.

Comme l’explique la commissaire d’exposition américaine Crista Dix dans son essai: «C’est l’élément de fantaisie, de satire et de l’absurde qui fait que cette série vaut la peine d’être regardée attentivement, pour découvrir des nuances et des sous-entendus dans chaque image» .

 

Alison Stieven-Taylor

Alison Stieven-Taylor est une écrivaine spécialisée en photographie et basée à Melbourne, en Australie.

 

Rubi Lebovitch, Home Sweet Home
Jusqu’au 7 octobre 2017
Praza Maior, 16
27001 Lugo
Espagne

www.afundacion.org
Pour réserver le livre: www.rubilebovitch.com

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