Le photographe Antoine Poupel aime transgresser ses images, réinterroger le réel, détourner les habitudes de l’œil du regardeur. Ainsi, il laisse courir son imaginaire et livre à notre regard un début d’interprétation, en retravaillant soigneusement ses photographies, par ce qui semble être griffonnages, et se révèle en fait la marque d’une expression riche de sens.
Dans cette série, il nous adresse avec subtilité un message : ses images sont construites et destinées à interroger notre regard, l’accompagner à voir ce que l’on n’avait pas retenu. Il s’octroie une grande liberté, semblant refuser le figuratif qui fige la réalité. Il donne à ses œuvres un second souffle, il les anime de mouvements. Il s’affranchit des habitudes de la photographie et s’autorise à y apposer des traces.
Là, des spirales griffonnées autour d’une colonne porteuse d’une tête sculptée, amorcent un mouvement d’élévation. Ici une multitude de traits tracés, perpendiculairement autour d’un corps sculpté, lui donnent soudain un rayonnement. Sur une autre photographie, les mouvements de grattage que l’artiste a accompli sur le papier photo, l’entamant, incarnent un geste vivant, presque acharné, sur l’image floue presque illisible, d’un corps que l’on devine.
Il peut à sa guise reconstruire des éléments de corps absents sur une statue, et même construire un scénario à partir d’une image : deux statues se font face, il griffonne des traits noirs épais, qui les relient, symbolisant leur rapprochement, leur union… Un ange, semblant dessiné à la hâte les protège de ses ailes surdimensionnées. D’une simple photo, tout un imaginaire défile.
Anne-Marie Sudry
Anne-Marie Sudry est une psychanalyste qui vit et travaille à Paris.
Antoine Poupel, Corps romains
15 septembre au 21 octobre 2017
Galerie &co119
119 rue Vieille du Temple
75003 Paris
France
