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Arles 2017 – Les routes mortelles de Christophe Rihet

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Des paysages déserts captés alors que le soleil se lève ou décline… Un décor au calme trompeur puisque c’est là que sont morts d’un accident de la route Grace Kelly, Helmut Newton, Jackson Pollock ou encore James Dean. Entretien avec Christophe Rihet autour de Road to Death, étrange et fascinante série.

Pourquoi et comment êtes-vous devenu photographe ?

Par envie, je voulais être réalisateur, être derrière la camera. La photo est venue à moi grâce à la mode. J’ai assisté nombre de grands photographes, et je me suis formé à l’école nationale Louis Lumière. La mode a été mon premier travail, travailler avec des équipes, dans les années 90, c’était très enrichissant.

Présentez-nous la série que vous montrerez à Arles.

Il y a quelques années, je me suis embarqué pour un long voyage qui m’a mené un peu partout aux États-Unis et en Europe. Je voulais photographier les endroits où des personnages célèbres, mythiques, ont trouvé́ la mort. Une mort toujours accidentelle et violente, puisqu’il s’agit de voitures écrasées, de motos embouties, d’avions perdus en mer, de pertes de contrôle… J’ai recherché, minutieusement, l’emplacement précis où les accidents ont eu lieu. Chaque photo a été prise à l’aube ou au crépuscule. Je souhaitais avant tout montrer le paysage où a eu lieu l’accident et l’opposition entre le calme du lieu et son histoire violente. Mais aussi, apercevoir ce qu’a été la dernière vision des gens morts à cet endroit, tenter de comprendre leur état d’esprit à cet instant et l’impact de leur décès sur notre monde.

Quelle est l’étape préparatoire de cette série ?

Beaucoup de recherches sur les emplacements des accidents, comprendre et connaître mes personnages, savoir pourquoi cela s’est passé puis, sur le lieu même, recherche de personnes sont susceptibles d’avoir été témoins des scènes d’accident, de crimes, etc., être sûr de l’endroit. Sans compter toute la logistique du voyage avec une chambre photographique argentique 4×5 !

Comment avez-vous eu l’idée de faire cette série ?

J’ai eu l’idée lors d’un trip à Big Sur, sur la route qui me rapprochait de l’endroit où je faisais une série photos. Je suis passé par la route 46, où James Dean s’est tué : aucun signe ou mémorial officiel. En revanche, les fans se sont appropriés l’endroit, comme poussés par une force de vouloir représenter ce qui compte pour eux, l’icône qu’a été James Dean pour toute une génération, et le mythe qui perdure aujourd’hui encore. C’est ainsi que j’ai commencé à me pencher sur cette forme d’accident. La série compte 27 images

Quels sont vos maîtres ou influences ?

Alors j’en ai beaucoup !  Bien évidement les classiques : Lee Friedlander, William Eggleston, Robert Frank, Daido Moriyama, mais aussi quelques contemporains comme Alec Soth ou Paul Graham.

En quoi la photographie a-t-elle changé votre vision du monde ? 

La photographie m’apprend la patiente et la contemplation. J’aime les gens, les humains, la trace qu’ils laissent sur leur chemin. Il y a beaucoup de traces et de résidus, j’aime les répertorier. La photographie m’aide à comprendre le monde dans lequel on vit, et m’aide à l’aimer.

Vous a-t-elle changé vous-même ?

Oui ! Certainement !

Propos recueillis par Sophie Bernard

Christophe Rihet, Road to Death
Rencontres d’Arles
Du 3 juillet au 24 septembre 2017
Maison des Peintres, Arles
France

www.rencontres-arles.com

Livre
Christophe Rihet, Cross Roads
Publié par Antoine de Beaupré
27 couvertures au choix
39 euros

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