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Arles 2017 – Samuel Gratacap, Fifty-Fifty

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Depuis dix ans, Samuel Gratacap travaille sur la problématique des migrants, entre art et photojournalisme, en montrant une image autre que celle habituellement véhiculée par les médias.

Quel est votre parcours ?

J’ai d’abord fait trois ans aux beaux arts de Bordeaux où je faisais de la peinture, de l’installation et un peu de vidéo. J’étais déjà intéressé par les liens entre art et politique, fasciné par les mouvements d’avant-garde… En tant que peintre, il m’était difficile de parler du réel, c’est la raison pour la quelle, après avoir travaillé avec un collectif d’artistes situationnistes, j’ai repris mes études aux beaux arts de Marseille spécialisation photographie…

Comment en êtes-vous venu à travailler sur le sujet de la migration, thème qui anime ton travail depuis dix ans ?

Je commence à m’intéresser à ce sujet dès 2007 parce que, à ce moment là, je trouve qu’il y a un déficit de représentation des migrants, notamment dans les centres de rétentions administratives installés en France. Il y en avait un à Marseille où j’ai pu aller. A ce stade, je n’avais pas forcément la prétention ou même l’envie de couvrir cette actualité. C’est la curiosité qui m’a incité à y aller pour en savoir plus sur le parcours des migrants. Je voulais avoir accès à cette réalité à laquelle je ne pouvais avoir connaissance qu’à travers les médias ou des chiffres, comme le nombre de personnes reconduites à la frontière, soit des données très abstraites.

A partir de quand en faites-vous un travail ?

Dès 2007. Cela se met en place progressivement : je mets un mois à faire des images ; je me rends sur le terrain pendant six mois… Ce travail prend d’abord la forme de photos accompagnées de témoignages, une des formes que j’utilise toujours aujourd’hui. Ce premier projet est déterminant parce qu’il va me pousser à aller à Lampedusa en 2010, puis en Tunisie en 2012.

Votre travail prend des formes très variées et mêle différents médias, pourquoi ? 

C’est le principe de l’enquête. En amont, je me documente mais je n’anticipe jamais ma méthode de travail sur le terrain ni la manière dont je vais montrer les choses ensuite. Tout cela vient après, une fois que j’ai les images. Sur place, j’ai plusieurs outils pour mener l’enquête : un appareil photo, un micro… Ce qui m’intéresse, c’est de rencontrer les personnes et de croiser les histoires liées à un territoire précis et dans un temps donné. L’image est un document très important car elle me permet de capter une représentation de la réalité.

Lors de l’enquête, vous accumulez donc différents éléments comme n’importe quel journaliste. Qu’est-ce qui fait que cela prend une forme artistique ?

C’est le lien que je crée entre tous ces éléments et ce que je vais vivre personnellement sur place qui va faire œuvre… Les contraintes sur place sont parfois très lourdes, mais je m’en sers pour montrer les choses… monter les migrants autrement que dans une prison ou morts échoués sur une plage.

Vous considérez-vous comme un photojournaliste ou comme un artiste ?

L’un et l’autre… Je n’ai pas de carte de presse pour des raisons administratives mais je travaille pour Le Monde… En revanche, j’en ai une libyenne. Mes images ont un double statut : elles peuvent être publiées dans la presse ou exposées dans des musées ou aux Rencontres d’Arles comme c’est le cas cet été… Ma position n’est pas tranchée…

Parlez-nous de l’exposition présentée à Arles…

C’est l’aboutissement de deux années de travail sur la Libye… ce qui ne signifie pas que ce travail est terminé. Pour l’exposition, j’ai travaillé avec Lea Bishmuth, commissaire d’exposition, mais aussi avec Marie Sumalla et Nicolas Jimenez du Monde. C’est pour moi une façon de relier les deux univers que sont celui du journalisme et de l’art, deux mondes très différents mais qui ont des choses à s’apporter mutuellement, et qui sont complémentaires. Le parcours commence à l’extérieur de la Commanderie Saint-Luce et se poursuit dans différents espaces avec, à chaque fois, une présentation spécifique. L’exposition mêle sons, textes, photos, (images numériques, argentiques et polaroid), installations…

 

Propos recueillis par Sophie Bernard

Samuel Gratacap, Fifty-Fifty
Festival des Rencontres de la Photographie d’Arles 2017
Du 3 juillet au 24 septembre 2017
Arles, France

www.rencontres-arles.com
Livre publié par Editions GwinZegal

20€

https://www.gwinzegal.com/edition.html

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