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Que voir à Photo London 2017 ?

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Cette semaine voit une partie non négligeable du monde de la photographie descendre dans la grande cour de la Somerset House, qui accueille Photo London pour la troisième année consécutive : quatre jours qui regorgent d’expositions, de conférences, de parutions de livres d’artistes et d’évènements satellites consacrés au médium photographique. Depuis les artistes émergents jusqu’aux grands classiques, la foire satisfait un large éventail de goûts : près de 100 galeries et maisons d’édition jeunes ou établies venues de 17 pays, s’unissent cette année dans le Pavillon éphémère bâti pour l’occasion et dans les pièces labyrinthiques des scènes artistiques du 18ème siècle.

Organisée depuis sa création par Candlestar – société qui aide les clients grand compte à financer des projets d’art majeurs, avec notamment le Prix Pictet –, Photo London a également facilité la création d’évènements photographiques indépendants, comme la foire d’édition d’art, Offprint, à la Tate Modern ou le festival plus récent, Peckham 24. Ces évènements hors les murs, ainsi qu’une attention particulière portée aux femmes artistes et une section « Découverte » élargie consacrée aux galeries plus discrètes, font de cette nouvelle édition un incontournable du calendrier artistique international. Voici notre aperçu de ce qu’il ne faut pas manquer du 18 au 21 mai.

Galeries émergentes

Direction la section Découverte, consacrée aux artistes et galeries émergents qui laissent une empreinte ferme dans le milieu. La galerie méconnue et cérébrale Large Glass rend notamment hommage aux leçons intemporelles de John Berger. Réunissant quatre photographes – un britannique et trois italiens –, son exposition Ways of Seeing nous entraîne depuis le Manchester des années 1980 vers un Ravenne pastoral, en passant par des paysages impassibles, espaces négligés qui vous permettront de mieux contempler l’ensemble. En outre, la galerie et agence créative Webber (Londres / New York), expose sans doute deux des photographes les plus prometteurs de la foire : Theo Simpson et Marton Perlaki. Le monde surréaliste de Perlaki, fait de combinaisons fortuites, ainsi que les vues sublimes par Simpson du nord de l’Angleterre post-industrielle vous mèneront bien loin des trois murs du stand.

Zoom sur les femmes

Cette année met les femmes artistes sur le devant de la scène. La jeune galerie de l’East London, Roman Road accueille Natalia LL, pionnière de l’art féministe en Pologne. Les critiques occidentaux vous diront que ses autoportraits érotiques des années 1970 (où on la voit mâcher une banane) sont venus défier une société incroyablement consumériste et ses images sexualisées des femmes ; d’autres souligneront plutôt le contexte communiste dans lequel elle travaillait. Un stand entier est dédié à la photographie de LL, et ses sculptures et vidéos offrent un second espace pour réfléchir au premier. England & Co rend par ailleurs hommage à tout un ensemble de créatrices, dont plusieurs vétéranes britanniques, ainsi qu’à la poète, artiste et réalisatrice chilienne, Cecilia Vicuña. Vous trouverez chez TJ Boulting deux des photographes les plus en vogue de l’année dernière, Maisie Cousins et Juno Calypso, dont l’imagerie infusée de rose incarne les critiques millénaires des idéaux de féminité étriqués.

Mix and match

Pour ce qui concerne le mélange de noms fameux et d’artistes émergents, l’un des stands les plus vivants de la foire est celui de la Galerie Fifty-One. Basée à Anvers, elle rassemble des œuvres de William Klein, Malick Sidibé et Saul Leiter, avec les clichés de bain de minuit de Deanna Templeton et des motifs monochromatiques de feuilles de palmiers par Bruno Roel – combinaison parfaite de couleurs formidables et de tirages maussades. Dans le stand de Michael Hoppen, les photographies réalistes des artistes de l’ère Provoke, Araki, Fukase et Moriyama se mêlent aux tirages fresson picturaux de femmes en tenues de haute-couture par la photographe de mode Sarah Moon. Les parallèles tracés entre ces œuvres peuvent faire s’interroger sur le commissariat d’exposition, mais comme dans toutes les foires d’art, nous pouvons tout autant jouir des juxtapositions que ces structures suggèrent.

Gardant cela en tête, l’Eckho Gallery et CF-LART ont collaboré cette année avec l’unique représentante des artistes latino-américains. Ne manquez pas le travail subversif de la créatrice à l’esprit universel, Mario Fonseca – artiste, commissaire, critique et éditeur –, figure influente de la scène artistique underground des années 1970.

Editeurs

Bien qu’elle reste en un sens discrète, la section Editeurs permet non seulement de feuilleter librement des livres rares et en éditions limitées (ainsi que des tirages), mais on peut aussi y rencontrer des photographes de renom, comme Vanessa Winship ou Paul Graham, pour la parution et la signature de leurs ouvrages. Parmi les neuf maisons d’édition présentes, dont Xavier Barral, Thames & Hudson et Kehrer Verlag, MACK propose un programme particulièrement dynamique, avec la parution dans le cadre de la foire de sept nouveaux titres – dont le vainqueur du Premier Livre et le très attendu Ravens de Masahisa Fukase, sujet d’une table ronde à l’Institut Courtauld. Au stand Thames & Hudson, vous pourrez également poser vos mains sur le Magnum Manifesto, avant l’ouverture à l’ICP de New York de l’exposition parallèle organisée pour les 70 ans de l’agence.

Expositions parallèles

Si vous avez encore soif, presque dix expositions sont dispersées autour du Pavillon et de la Somerset House, venant agrémenter le programme public de la foire. Outre une fresque de 18 mètres par William Klein et une exposition de Juergen Teller (dont les plans sont tenus secrets jusqu’à son dévoilement), l’un des éléments majeurs de cette programmation est une pièce de réalité virtuelle proposée par Mat Collishaw : Threshold, qui réorganise une exposition de 1839 consacrée à l’un des pionniers de la photo, le scientifique britannique Fox Talbot. Grâce aux reconstructions numériques de Collishaw, les visiteurs s’immergent dans le passé, peuvent toucher les vitrines et jeter un œil à des photos perdues depuis. Par contraste, l’exposition de Taryn Simon nous renvoie au présent ; l’index d’images numériquement extraites du Maître de la Photographie 2017 parcourt les systèmes de pouvoir contemporain pour mieux les troubler visuellement.

Conférences

Un rapide calcul vous indiquera que 20 femmes prennent part aux 32 conférences programmées cette année, dont des artistes de renom comme Penelope Umbrico et Taryn Simon. Shoair Mavlian, commissaire assistante à la Tate Modern, interrogera Bruce Davidson et la commissaire de la Collection Pictet, Loa Haagen Pictet, conversera avec la directrice de la fondation allemande Börse pour la Photographie, Anne-Marie Beckman, à propos des acquisitions et des ventes des collections d’entreprise. Par ailleurs, le gagnant du Prix Pictet 2017, Richard Mosse – dont l’exposition Barbican qui a eu lieu plus tôt cette année a déclenché un débat critique sur les témoignages artistiques de la crise des réfugiés – exprimera son propre point de vue. Hors les murs, vous pourrez écouter William Klein discuter avec le commissaire et auteur David Campany, et l’ancien directeur d’expositions David Chandler converser avec le photographe Ron Jude.

Offprint London

Comme son contrepoint parisien, Offprint London offre une alternative indépendante à la plus grande foire de photos de la capitale. S’étalant à travers l’épique Turbine Hall de la Tate Modern, du vendredi au dimanche, une centaine d’éditeurs indépendants et expérimentaux présenteront leur marchandise. Gardez un œil sur PUNCH, librairie de Bucarest qui présentera de petits prodiges du monde de la photo, de l’architecture, de l’art et du design, ou sur Loose Joints, éditeur du sud londonien qui lance un nouvel ouvrage irrésistible fait de surfaces sauvagement colorées, Bruises, par l’artiste de la Sunday Painter, Samara Scott. On remarque également Plantation Journal, élégant petit magazine consacré aux formes mutables de sculpture – depuis l’art papier jusqu’à la performance. Vous pouvez toujours compter sur November, Dashwood et Idea pour vous présenter les classiques de la sous-culture.

Peckham 24

Outre l’Offprint, cette année voit le retour du festival organisé sur 24 heures dans le South East London, Peckham 24, qui met une fois en lumière le réseau local d’artistes, de galeries, de commissaires qui font de ce district de la capitale la plus enthousiasmante des destinations artistiques contemporaines. S’étalant sur Assembly Point, DKUK Salon, la galerie Hannah Barry et l’ancien site industriel le Blussey Building, le festival a pour point culminant une exposition collective à la Copeland Gallery. Logée dans ce bâtiment à plusieurs étages et dans une poignée d’autres sites participant, intitulée At Home She’s A Tourist, elle réunit une dizaine d’artistes dont les œuvres photographiques explorent l’espace domestique. Le commissaire Tom Lovelace a fait un travail formidable en rassemblant des artistes consacrés et émergents qui traversent les terres concrètes, psychologiques, privées et communes de ce que nous appelons « maison ».

Sooane Berner 

Sooanne Berner est directrice des Ventes et du Marketing chez MACK à Londres.

 
Photo London
Du 18 au 21 mai 2017
Somerset House
Londres, Royaume Uni

http://photolondon.org/

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