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Georges Tourdjman, photographe humaniste, est mort

C’est la veille de Noël, vous vous efforcez d’être insouciant, ludique et heureux, et vous recevez un horrible email. C’est Bénédicte Tourdjman qui vous annonce la mort de Georges, son mari, un merveilleux photographe et un  formidable personnage. Dans les années 1960, Georges Tourdjman a été un élève d’Alexey Brodovitch, à New York, avant de revenir en France et de débuter sa carrière en travaillant pour les plus grandes maisons de mode – Dior, Chanel… –. Ses photographies font alors aussi la couverture des plus importants magazines de l’époque, dont Camera, Stern, Photo, Marie-France. Georges Tourdjman a aussi été aussi responsable d’une cinquantaine de films publicitaires. L’une de ses célèbres séries de photographies a pour sujet les habitants de Fontaine-les-Ribouts – un petit village d’Eure-et-Loir, en France –, dont il a raconté l’histoire avec humanisme et humilité. Il a aussi réalisé les portraits intimes de nombreux photographes célèbres, dont Man Ray, Cartier-Bresson, Hiro, Mapplethorpe, Penn ou Newton. Portraits que nous publions aujourd’hui pour lui rendre hommage.

En annonçant la nouvelle de la mort de son mari, Bénédicte Tourdjman a écrit ces quelques mots :

« Cher Monsieur Naudet,

Georges se voulait discret sur lui même ce qui fait que sans doute vous n’étiez pas au courant du cancer dont il était atteint depuis 3 ans et qui l’a fait s’éteindre dans les bras de mes fils et moi hier matin.

Je sais qu’il vous a contacté, puisque ne pouvant plus écrire correctement, sous sa dictée j’ai rédigé le mail qu’il vous a envoyé avec quelques portraits. Ce fût une pulsion qu’il a eu d’une façon presque posthume car ses fils et moi nous désolions souvent qu’il laisse dormir dans ses tiroirs de tels trésors et nous serions tous les trois très fiers que sa galerie de portraits figure un jour dans l’Œil de la Photographie que nous regardions et commentions ensemble chaque matin.

Sa famille était importante et la photographie était une passion qu’il a sut parfaitement transmettre à César et Mathieu, nos enfants, et à beaucoup d’autres. Pour moi c’est l’homme que j’aime qui s’en est allé. Je sais qu’il n’aimerait pas que je dise cela mais tant pis, je le fais sans réserve, c’est un grand homme d’images qui manquera autant à la photographie qu’à sa famille. La tristesse déborde mais la fierté d’avoir été sa femme compense le chagrin.

Bénédicte Tourdjman »

Début décembre, Georges Tourdjman nous avait quant à lui envoyé ses portraits accompagnés de ce texte :

« Photographes, je vous aime

Devant l’extinction presqu’achevée de la génération qui m’a précédé, et de la mienne qui suivra de près, j’ai voulu confier à l’Œil de la Photographie quelques portraits de photographes que j’ai admirés. Ils ont laissé des images inoubliables, devenues des icônes d’une Histoire qu’ils ont racontée à leur manière.

On parle trop souvent de la photographie comme d’une entité abstraite, comme si elle n’était pas faite par des hommes et des femmes sans qui elle n’existerait que comme une vulgaire technique de reproduction. Un regret cependant: ne pas avoir eu l’occasion d’en mettre plus de cent-cinquante dans ma boîte à aimer. »

Jean-Jacques Naudet

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