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Robyn Stacey, Dark Wonder

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En 2013, la photographe australienne Robyn Stacey était l’artiste résidente du Sofitel Melbourne. Pendant trois semaines, elle a vécu à l’adresse 5 étoiles de Collins Street, que l’on connaît bien pour ses vues panoramiques de Melbourne. Et elle s’est demandée comment elle pourrait créer une série de photos qui transcenderaient l’image « carte postale » de l’hôtel.

« Je contemplais le panorama et je me suis dit : et si je pouvais transporter ce panorama à l’intérieur de la chambre ? explique Stacey. Alors je me suis mise à réfléchir au caractère transitoire des hôtels, où les clients ne font que passer et cette idée m’a conduite à la camera obscura, qui est elle aussi transitoire puisque l’image ne dure qu’un court moment. Ainsi, la technique photographique, l’usage de la chambre d’hôtel et mon expérience de cliente ont convergé pour créer une synergie. Quand cela se produit, c’est formidable. »

Pour créer la camera obscura, Stacey a soigneusement masqué les fenêtres de la chambre d’hôtel en laissant juste passer un rayon de lumière. Ainsi, la vue du dehors a pénétré à l’intérieur, projetée sens dessus dessous et à l’envers et a provisoirement créé dans la chambre une image onirique des bâtiments et des nuages qui se sont peints sur toutes les surfaces, y compris la cliente de l’hôtel. Stacey a ensuite photographié cette projection.

C’est cela la magie de la caméra obscura, un dispositif ancien de vision du monde qui a précédé la photographie de plusieurs siècles. Des artistes comme le peintre vénitien Canaletto l’ont utilisée, ainsi que des philosophes depuis l’époque d’Aristote.

Stacey, fascinée par la camera obscura, qu’on appelle aussi « miroir magique de la vie », a poursuivi sa série du Sofitel Guest Relations pour créer son travail Dark Wonder (Sombre merveille), un nom de plus pour la caméra obscura.

Après avoir mis au point les techniques particulières qui lui permettaient de photographier ces images éphémères, Stacey s’est fixé des objectifs plus ambitieux avec la série Dark Wonder, où elle explore des ateliers d’artistes comme la résidence Lavender Bayde Brett Whiteley et l’atelier de Hans Heysen au Cedars. Dans ces 2 images, la camera obscura semble capter l’essence même du style particulier des artistes. Dans la photo de l’atelier de Whiteley, on peut discerner le pont du port et la distorsion des arbres dans une image qui s’étire par-dessus des surfaces fixes. Pour l’atelier de Heysen, on s’aperçoit que les gommiers projetés par la camera obscura évoquent étrangement l’atmosphère des peintures de l’artiste.

« Les gens sont fascinés par les ateliers d’artistes, explique Stacey. Ils s’attendent à ressentir la présence des artistes et à absorber leur aura. L’espace remplace l’artiste et cela m’a vraiment intéressé de travailler sur ce sujet. L’espace de l’artiste est différent de l’environnement de l’hôtel. Souvent, il sert à la fois de lieu de travail, de lieu de vie et d’espace de vie sociale : il possède donc beaucoup plus de force. »

Dans le cas de Dark Wonder, l’intérêt de Stacey réside dans le rapport de la camera obscura avec l’espace intérieur, le design et l’architecture de la pièce. « Cette combinaison permet de créer un espace transitoire et intermédiaire que je trouve vraiment intéressant. »

Stacey, déjà célèbre en tant qu’artiste, est venue à la photographie au milieu des années 1980 et a toujours été attirée par l’expérimentation. Ses premières œuvres étaient des images composites créées à partir de plusieurs négatifs, peintes à la main puis rephotographiées, nous rappelant que la manipulation de l’image n’est pas uniquement le domaine de l’ère numérique.

L’exposition Dark Wonder contient des images tirées à grande échelle, ainsi qu’une caméra obscura de la taille d’une chambre, créant un monde illusoire où les visiteurs peuvent se plonger. « Dans cet espace, vous résidez dans le monde, mais vous en êtes pourtant séparés. Vous savez ce qui se passe autour de vous, mais tout est sens dessus dessous et à l’envers. C’est comme si vous étiez acteur dans votre propre film. »

Alison Stieven-Taylor

Robyn Stacey, Dark Wonder
Jusqu’au 5 novembre 2016
Stills Gallery
36, rue Gosbell Paddington
Sydney, Australie

www.stillsgallery.com.au

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