Rechercher un article

Vivian Maier, In Her Own Hands

Preview

« Car tous les dîners sont préparés ; les assiettes et tasses lavées ; les enfants envoyés à l’école et partis à travers le monde. Rien ne reste de tout cela. Tout a disparu, tout est effacé. Ni la biographie ni l’Histoire n’ont un mot à dire de ces choses. »

Virginia Woolf, Une chambre à soi

Vivian Maier (1926-2009) exerça le métier de gouvernante d’enfants à Chicago, au début des années 1950 et ce pendant plus de quatre décennies. Toute une vie passée inaperçue, inéluctablement, jusqu’à la récente découverte, en 2007, de son corpus photographique : une œuvre colossale, constituée de plus de 120.000 négatifs, de films super 8 et 16mm, d’enregistrements divers, de photographies éparses et d‘une multitude de pellicules non développées. En dépit du peu de recul dont nous disposons aujourd’hui pour confronter les différentes analyses scientifiques et critiques de ce travail, il apparaissait opportun de montrer une sélection non-exhaustive, mais cependant représentative des images de la photographe.

Cette première présentation permet d’apprécier la qualité d’un regard et la subtilité avec laquelle Vivian Maier s’est appropriée le langage visuel de son époque.

Pendant son temps libre, Vivian Maier photographiait la rue, des gens, des objets, des paysages ; en définitive, elle photographiait ce qu’elle voyait, tout simplement, abruptement. Elle a su retenir, pendant une fraction de seconde, son temps. Elle a raconté la beauté des choses ordinaires, cherchant dans le quotidien, dans le banal, les fissures imperceptibles, les inflexions furtives du réel.

Son monde, c’était les autres, des inconnus, des anonymes, que Vivian Maier effleure le temps d’une seconde, de sorte que ce qu’elle mesurait avec son appareil photo était d’abord un rapport de distance, cette même distance qui faisait de ces personnages, les protagonistes d’une anecdote sans importance. Et même si elle osait des cadrages impérieux, déconcertants, Vivian Maier reste au seuil de la scène qu’elle photographie, voire au-delà, jamais en deçà pour ne pas en être invisible. Elle prend part à ce qu’elle voit et devient elle aussi sujet.

Les reflets de son visage, son ombre qui s’allonge sur le sol, le contour de sa silhouette se projettent  dans le périmètre de l’image photographique. Vivian Maier réalise de nombreux autoportraits tout au long de ces années avec l’insistance de quelqu’un en quête de soi-même. Elle cultivait une certaine obsession, moins pour l’image en soi que pour l’acte de photographier, pour le geste, comme un accomplissement en devenir. La rue était son théâtre et ses images, un prétexte.

Anne Morin

Anne Morin est la commissaire de Vivian Maier, In Her Own Hands et est commissaire d’expositions indépendante.

Vivian Maier
In Her Own Hands
8 octobre – 8 janvier 2017
Palazzo dell’Arengario di Monza, Italy
Piazza Roma
20052 Monza
Italy
Exposition produite par diChroma photography

www.dichroma-photography.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android