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Lebohang Kganye

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C’est à travers les mises en scène en noir et blanc de sa série Ke Lefa Laka que j’ai découvert le travail de Lebohang Kganye. Ces images (Pied Piper ou The Alarm) où l’on voit la photographeen costume noir, trop large, coiffée d’un chapeau poser dans un décor de vieilles photos en carton grandeur nature m’ont interpellée. Elles sont à la fois touchantes et étonnantes.

En lisant la présentation de cette série par ses mentors, l’artiste Mary Sibande et la curatrice Nontobeko Ntombela, ma compréhension de ce travail s’affina et que j’en perçus les différentes clefs : « Le projet de Lebohang Kganye est sur ​​la recherche de l’identité, l’identité non seulement sur ​​la base de la race, mais aussi par sa généalogie ethnique et la complexité de la vie à Johannesburg, une société hybride, en tant que jeune femme noire dans la période postapartheid. »

Formée par la prestigieuse école, le Market Photo workshop à Johannesburg, Kganye est née en 1990 à Katlehong, dans l’East Rand de Johannesburg. Aujourd’hui, elle poursuit ses études à l’université des Beaux-Arts de Johannesburg.
En 2012/ 2013, elle a bénéficié de la bourse Tierney (qui soutient les artistes émergents dans le domaine de la photographie) grâce à laquelle elle a réalisé sa série Ke Lefa Laka.

Pour bien comprendre ses images, il faut revenir sur la traduction du titre Ke Lefa Laka : Her-Story / Heir-Story, que l’on peut traduire par Son histoire / Héritage (littéralement, la traduction serait plus proche de Son Histoire / Héritière.)

La piste de départ de la photographe est d’explorer ses albums de famille, non seulement en tant que souvenir ou document d’un récit personnel, mais en tant qu’éléments « de constructions visuelles par rapport à qui nous pensons ou espérons être, et pourtant en même temps un effacement de la réalité ».

La genèse de ce travail commence il y a trois ans, quand Lebohang Kganye perd sa mère, son principal lien avec sa famille élargie. Dès lors, elle revient sur ses origines et visite les différents sites où sa famille a vécu. Elle y trouve des morceaux du passé de sa mère, des photos, des vêtements parsemés au fil des ans.

C’est en essayant de se reconnecter avec sa mère que la photographe s’insère à sa place dans des clichés de son album de famille. S’habillant comme elle il y a vingt ans, imitant ses poses, elle allie leurs deux mémoires et crée une nouvelle histoire commune. Ensuite, dans un photomontage numérique, elle juxtapose les anciennes images maternelles issues de l’album avec des photos de la nouvelle version d’elle-même mise en scène à sa place : « Les photomontages sont devenus un substitut pour le manque de souvenirs, une identification contrefaite et une conversation imaginaire. »

Le projet prend forme et créé une histoire commune : « Je ne suis pas sûre que je connaisse mieux ma mère, mais ce projet semble connecter trois générations de femmes de ma famille : ma grand-mère (comme le narrateur de souvenirs familiaux), ma mère comme l’objet d’étude, moi et ma petite sœur — qui a appuyé sur le déclencheur lors des prises de vues de ces photographies revisitées ( comme récepteurs de cette histoire et ses fabricants aussi). »

Le projet Ke Lefa Laka est d’autant plus intéressant qu’en évoquant une histoire personnelle, il croise aussi l’histoire de l’Afrique du Sud : celle de familles déracinées et réinstallées en raison des lois de l’apartheid et de la confiscation des terres. Une histoire faites de déplacements dans le pays et de logements temporaires qui a un impact direct sur l’identité familiale (par exemple, pour l’auteur de ces images, cela conduit au changement de son nom de famille de Khanye à Khanyi puis au final Kganye).

Dans ce récit fictif en trois parties, Lebohang Kganye devient le personnage “réel”. Elle est à la fois sa mère dans les images couleur, mais elle prend aussi la personnalité de son grand-père, vêtu d’un costume typique de l’époque dans les photomontages grandeur nature en noir et blanc. Ici, comme le dit l’auteur, « une identité familiale devient donc une fiction orchestrée et une invention collective ».

Cette série a été exposée dans la galerie du Market Photo Workshop du 8 août au 29 septembre 2013.
http://www.marketphotoworkshop.co.za/exhibitions/entry/ke-lefa-laka-a-solo-exhibition-by-tierney-fellow-lebohang-kganye

Site : http://www.lebohangkganye.co.za

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