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Vasantha Yogananthan

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Encore sauvage, habitée de façon éphémère par des vacanciers qui y installent leurs campements de bric et de broc, la plage de Piémanson, à quelques kilomètres d’Arles, est un de ces lieux propices aux belles images. Il semble y subsister une forme de marginalité et une authentique connexion entre homme et nature, qui a le don, c’est une tendance, d’attirer les jeunes photographes. Durant plusieurs étés, Vasantha Yogananthan, autodidacte de 29 ans d’origine franco-tamoule, y a promené son moyen format à la recherche du quotidien de ces « robinsons volontaires », expression empruntée à Rémi Coignet dans l’introduction du livre. Dans ce travail au long cours, aucune scène dite extraordinaire. Et c’est peut-être mieux comme cela : l’espace est ainsi offert aux joies simples d’une existence « à l’écart de la civilisation », le temps de quelques semaines.

Premier arrêt sur image, cette magnifique photographie d’un petit garçon endormi sur un matelas, suçant son pouce aux côtés de ses fidèles amis, un chien blanc à poils longs et un chat aux yeux ébahis. Plus loin, deux minots jouant dans un bateau ; une petite fille de corvée de vaisselle ; le regard absent d’une autre en promenade sur la plage, un père et sa fille enlacés aux côtés d’un gros toutou brun. Cela se voit au premier coup d’œil : capable d’être ému par un rien et d’élever la banalité au rang de poésie visuelle, Vasantha Yogananthan est un grand empathique. Bien sûr, il y a de la distance, des groupes d’hommes et de femmes postés comme les poutres qu’ils utilisent pour leurs maçonneries de fortune, des paysages ou des vues architecturales un brin pauvres. Mais lorsque le photographe s’approche des êtres comme des objets, la relation intime qu’il a liée avec ces habitants apparaît au grand jour, pour le plus grand plaisir des amoureux de la douceur. On évoque les documentaristes Chris Killip ou Paul Graham, on pourrait aussi nommer l’américaine Alessandra Sanguinetti, tellement Vasantha Yogananthan est attaché au couleurs. Ici, il voit surtout en bleu et blanc. Le bleu du ciel, de l’eau et des coques de bateaux. Le blanc du sable, des caravanes ou des peaux, on l’admet, légèrement brunies. Ne reste alors qu’un peu de place pour le rouge et le vert, indispensables ciments à ces constructions de pigments pastels.

Piémanson est le premier livre de Vasantha Yogananthan. Comme tant d’autres de sa génération dont l’économie reste fragile, il sait qu’il faut se bouger, bouleverser la filière à coups d’initiatives. A travers cet ouvrage, c’est aussi le concept de série photographique qui est mis en valeur, outil essentiel à l’évolution de ceux qui n’ont pas encore tout le talent, l’expérience ou l’aura des grands. Encore cette année, Vasantha Yogananthan a créé Chose Commune (avec Cécile Poimboeuf-Koizumi), une petite maison d’édition indépendante dont on peut déjà attendre de belles choses. Son prochain projet ? Se rendre en Inde, s’intéresser au Râmâyana, le chef-d’œuvre de sa littérature écrit en sanskrit il y a plus de 2000 ans, et ainsi « photographier l’imaginaire indien ».

LIVRE
Piémanson, de Vasantha Yogananthan
Photographies et textes : Vasantha Yogananthan
Essai : Rémi Coignet
Editing : Vasantha Yogananthan & Cécile Poimboeuf-Koizumi
Design : Atelier 25
Traduction anglaise : Julia McLaren
Éditeur: Chose Commune
Couverture rigide
23 x 28 cm
80 pages
36 photographies couleur 
650 exemplaires
42 €
ISBN : 978-2-9548777-0-9

http://www.vasantha.fr 
http://www.chosecommune.com

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